Au Kirghizistan, un village touristique attend le retour à la vie by United Nations Development Programme - United Nations Development Programme | UNDP - Exposure
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Au Kirghizistan, un village touristique attend le retour à la vie

Là où d'autres ne s'étaient pas aventurés, Umar Tashbekov a vu une opportunité. Son village, Sary-Mogol, au Kirghizistan, est situé à une altitude de 3 600 mètres, près du pic Lénine, une destination touristique populaire. Si ces derniers y faisaient déjà de la randonnée, pourquoi ne pas les attirer dans son village et ainsi générer des revenus pour ses habitants ? 

Le village, qui compte 5 200 habitants, est situé à trois heures de route de la ville d'Och, dans le sud-est du pays. La vie n'est pas facile ici. Les étés courts et les conditions défavorables la culture difficile, hormis celle des pommes de terre et de l'orge. L'élevage constitue l’activité principale, avec un grand marché aux bestiaux en ville. D'autres personnes exercent en tant qu’enseignants ou mineurs de charbon. On estime que 500 personnes ont émigré vers la Russie et que les entreprises recherchent du personnel pour travailler dans leurs usines. 

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En haut : des yaks au pâturage. En bas : un acheteur potentiel inspecte les dents d’un mouton au marché aux animaux du samedi. L’élevage constitue l’activité principale, avec un grand marché aux bestiaux en ville.

La vie traditionnelle au village, où grands-parents, parents et enfants vivent sous le même toit, a représenté un avantage face à la progressive propagation du COVID-19. Comme les familles se regroupent déjà dans leurs foyers respectifs, le lieu de rencontre privilégié est la rue. Ainsi, les mesures de confinement prises par le gouvernement ont contribué à maintenir le nombre d'infections à un faible niveau. 

Toutefois, l'impact sur les moyens de subsistance a été considérable. Au cours de la dernière décennie, le tourisme est devenu une source de revenus pour la population, si bien que presque toute personne y est liée d'une manière ou d'une autre. La baisse du tourisme du à la pandémie s’est fait ressentir dans tout le pays. Les recettes provenant de l’industrie du tourisme et du voyage, qui représentaient près de 6 % du PIB en 2018, devraient presque disparaître en 2020, avec une perte de revenus qui devrait atteindre 90 %.

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En haut : Buunisa Termechikova. 58 ans, mange du pilaf avec sa fille et d’autres invités chez elle, dans le village de Burgan-Suu, proche de Sary-Mogol. En bas : des femmes traversent la rivière de Burgan-Suu à Sary-Mogol.

En 2019, plus de 1 300 touristes sont passés par Sary-Mogol. Cette année, moins d'une douzaine. 

Umar a ouvert la première maison d'hôtes et le premier office du tourisme du village en 2007 et a proposé à d'autres habitants du village de travailler avec lui. Son entreprise, CBT, est rapidement devenue un « incubateur » pour le tourisme : presque toutes les personnes qui travaillent dans ce domaine ont franchi ses portes à un moment ou à un autre. Peu de temps après, il a également ouvert le premier camp de yourtes du village, où les touristes peuvent séjourner dans l'un des douze hébergements traditionnels kirghizes. Le village baigne dans une ambiance unique, avec ses vieilles voitures soviétiques Uaz, son jeu équestre ancestral appelé Ulak Tartysh et ses marchés artisanaux traditionnels. 

Puis le fils d'Umar, Abdilla Tashbekov, a repris le commerce. Aujourd’hui, il est guide depuis plus de dix ans. Il a construit sa propre maison d'hôtes et projetait d'en construire une nouvelle. Il est toujours en train de lire et de faire des recherches sur Internet, ce qui lui a valu la réputation d'être « studieux ». Sa vision a fait émerger de nouvelles idées pour développer l'industrie de la ville et l'entreprise familiale. Avec son père, il a ouvert un bureau plus grand, qui sert maintenant de point de rassemblement pour les guides, les employés et les touristes. Il a d’abord organisé des stages de ski avec d'autres guides puis il a élargi son offre d’activités de tourisme hivernal. 

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En haut : Umar Tashbekov a ouvert le premier camp de yourtes du village, où les touristes peuvent séjourner, près du lac Tulpar-Kel. En bas : Abdilla Tashbekov travaille au bureau du CBT à Sary-Mogol.

En 2015, il a lancé le Festival des jeux à cheval et à yak du village. Tout le village y assiste, en tant que participant ou spectateur. Les touristes achètent des billets dont les recettes sont reversées aux habitants qui travaillent dans le cadre de ce festival : cuisine et vente de plats traditionnels, spectacles de musique et de danse traditionnelles, gestion du camp de yourtes et participation aux jeux à cheval et à yak. 

Tout cet élan a été balayé par la pandémie. 

« La saison touristique est morte », déclare Abdilla. « Cette année, nous avons dû fermer le bureau, le camp de yourtes et les maisons d'hôtes. » 

Sa femme travaille comme professeure de musique dans l'école locale, et ils vivent avec leurs deux enfants de ses revenus. « Si le tourisme ne s'améliore pas, je devrai aller à Och ou ailleurs pour chercher du travail dans la construction », dit-il. Cela risque également de poser problème, car la construction pourrait bientôt être un autre secteur en difficulté. Une récente enquête du PNUD a révélé qu'en plus du tourisme, les secteurs économiques les plus touchés au Kirghizistan seront le commerce et les services aux consommateurs et la construction, avec des contractions de 20 % ou plus pour chacun d’eux. 

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Des hommes jouent au jeu traditionnel Ulak-Tartysh dans le village de Taldy-Suu, voisin de Sary-Mogol. En 2015, Abdilla Tashbekov a lancé le Festival des jeux à cheval et à yak du village. Pourtant, selon Abdilla, « la saison touristique est morte. Cette année, nous avons dû fermer le bureau, le camp de yourtes et les maisons d’hôtes ».

L'autre fils d'Umar, Ali, est également impliqué dans l'entreprise familiale. Il a commencé à travailler à l’âge de 13 ans, avant d'aller à Och pour étudier la logistique et la soudure. Sa formation s'est avérée utile pendant la pandémie. Lorsque le flux de visiteurs dans le village s'est arrêté, il a pu trouver un emploi de mécanicien dans la mine de charbon locale. Mais il aimait travailler avec les touristes et rencontrer des gens du monde entier. 

« C'était le bon temps », se souvient-il. « Parfois, je n'avais pas le temps de rentrer à la maison. Après avoir guidé une visite, je retournais immédiatement à la montagne avec d'autres touristes ». 

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En haut, de gauche à droite : Ali Umarov, 23 ans. Maintenant que le tourisme est à l’arrêt, Ali travaille à la mine de charbon de Kyzyl-Bulak, à 6,5 km de Sary-Mogol. Ali et ses collègues travaillent sur un excavateur, qu’Ali répare grâce à ses talents de soudeur.

C'était un travail à la fois plus intéressant et plus sain, dit-il, d'être dehors dans la nature toute la journée. Aujourd’hui, il s'inquiète des effets dangereux sur la santé du gaz de carrière qu'il respire régulièrement. Mais comme sa femme travaillait dans la cuisine de la maison d'hôtes de la famille, maintenant fermée, c'est la seule source de revenus dont ils disposent. Avec son père qui se remet d'une jambe cassée, sa mère atteinte de la maladie de Parkinson, qui implique des traitements coûteux, son enfant d'un an et un autre en route, les ressources de la famille sont mises à rude épreuve. 

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En haut : Aizirek Avazova, 22 ans, joue avec son fils à Sary-Mogol pendant que son mari, Ali, est au travail. En bas : Ali à son domicile.

Avec le développement du tourisme dans le village, de nombreuses personnes se sont lancées dans le secteur. Aujourd'hui, ils souffrent tous des effets des pressions actuelles. 

Buunisa Termechikova s'attendait à un été normal. L'entrepreneuse a ouvert une maison d'hôtes. Par ailleurs, elle est expert en artisanat traditionnel, notamment en chapeaux traditionnels de femmes kirghizes. Construit par son fils en juillet, son nouveau musée ethnographique met en valeur des produits locaux, des objets culturels et des artefacts historiques. En l'absence de visiteurs étrangers, elle utilise l'espace pour animer des ateliers de fabrication d'objets locaux et accueillir davantage d’habitants du village. 

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En haut : Buunisa Termechikova, 58 ans, dans son musée ethnographique de Sary-Mogol, qu’elle a ouvert en juillet 2020. Au centre : Une exposition au musée de Buunisa. En bas : Buunisa donne un cours de fabrication de poupées au musée. Elle est spécialisée dans les vêtements traditionnels et les produits en feutre.

Malgré les difficultés auxquelles le village est confronté, ils parviennent toujours à trouver de la joie dans leurs activités quotidiennes. Ils jouent au volley-ball dans le gymnase local et participent aux jeux traditionnels à cheval. Ces jeux sont généralement célébrés dans le cadre d'une fête, telle que la finalisation d'une nouvelle maison ou la naissance d'un bébé, et peuvent donner lieu à des prix importants sous forme d'argent ou de bétail. 

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À droite, Midinov Almazbek, 27 ans, guide de montagne, joue au volley-ball avec ses collègues.

C'est peut-être cette énergie et cet esprit qui rendent le village attrayant à qui le visite. Il y a deux ans, un touriste et ingénieur coréen a vécu une expérience si merveilleuse qu'il a payé pour moderniser l'infrastructure hydraulique du village. Avant, les habitants devaient transporter l'eau de la rivière, mais maintenant ils l'ont chez eux, ce qui améliore à la fois leur qualité de vie et le séjour des touristes. 

Tous les habitants de Sary-Mogol sont impatients de partager à nouveau leur énergie et leur esprit avec les touristes. 

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Un éleveur reconduit ses moutons à Sary-Mogol.

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